lundi 7 décembre 2009

COFFRET KOJI WAKAMATSU - VOLUME 1

(Article paru dans le quotidien Suisse
LE COURRIER le 05 décembre 2009)
Alors que son dermier film, United Red Army s'est vu diffusé ce mois-ci en Suisse , l'éditeur Blaq Out nous offre un coffret DVD contenant quatre des premiers films indépendants de Koji Wakamatsu. Cinéaste au passé chaotique, tour à tour ado fugueur, élève studieux de l'école de la rue, gauchiste invétéré, extorqueur à la solde d'un groupe de yakuzas, Wakamatsu finira cette première période sa vie en prison. C'est entre les barreaux qu'il raconte avoir découvert sa vocation de cinéaste politique. Cette expérience fondatrice, nous la retrouvons tout au long de ses cinquante ans de carrière. Il suffit de regarder les quatre films présents dans ce coffret, produits entre 1965 et 1969, pour se rendre compte que les murs, les appartements exigus, les prisons symboliques sont partout. Même quand les films se déroulent à ciel ouvert, les prisons n'en restent pas moins mentales.
Les secrets derrière le mur (1965) annonce d'entrée la couleur dans son titre. Les premiers plans nous parquent sans plus attendre dans une cité de béton étouffante et anonyme. C'est entre ces murs que Wakamatsu nous invite à épier la vie de trois générations de japonais. La génération des parents, les grands perdants de la seconde guerre mondiale, la génération des enfants, qui ont grandit dans la défaite, et la nouvelle génération adolescente, pour qui la honte d'être japonais s'accompagne d'une profonde crise d'identité doublé d'une impuissance ravageuse. Alors que le Flower Power et l'insouciance bat son plein aux États-Unis, les jeunes japonais, eux, ne parviennent pas à jouir, peinent à trouver goût à la vie, et finissent par s'accomplir dans le crime.
JustifierLes Anges Violées (1967) défend une thèse similaire. Librement inspiré de l'histoire de Richard Speck, un jeune américain qui massacra un groupe d'infirmières dans leur dortoir en 1967, Wakamatsu nous dresse le portrait d'un homme perdu, impuissant, tuant sans véritable mobile les femmes qu'il ne peux posséder. Mutique, mû par l'influence d'un trauma insaisissable, la seule voie qui lui semble praticable est celle de la régression, du retour à l'état d'enfant, voire à celui de fœtus.
"Dans l'utérus de sa mère, on est heureux, mais l'histoire devrait s'arrêter là". Les propos que tiennent Sadao, le petit chef de rayon misogyne séquestrant et torturant une de ses employés dans Quand l'embryon part braconner (1966), révèlent eux aussi une évidente blessure existentielle et égocentrique. Film sur le refus d'être né et de faire naître, ce film, le plus onirique du coffret, rappelle à bien égard les plus belles pages de Cioran tout en louchant sans réserve sur les livres du Marquis (Sade/Sadao). Si des références littéraires nous viennent immédiatement à l'esprit, le film n'en reste pas moins un très puissant exercice formel. Sublime huis-clos minimaliste tourné dans l'appartement même de Wakamatsu en cinq jour, le film alterne séances de torture mâtinées de discours existentiels, flashbacks et scènes oniriques se déroulant dans le "paradis" de Sadao. La "grotte aux stalactites".
L'utérus de la mère.

La recherche d'un état de pureté originelle est également au cœur de Va va vierge pour la deuxième fois (1969). Derrière un titre aussi beau qu'énigmatique se cache ce qui est probablement le plus beau film du coffret. Filmé dans l'unique décors d'un toit d'immeuble, ce petit morceau de pellicule évoque frontalement la recherche de l'innocence perdue d'un adolescent et d'une jeune fille violée au sortir de l'enfance.
Fondés sur la figure du cercle, de la répétition, de la spirale, les films de Wakamatsu évoquent un monde où le matérialisme adopté après la grande défaite n'aurait été qu'une façon de continuer la guerre sous une autre forme. Une guerre silencieuse qui tue les hommes de l'intérieur.
Sans pour autant être un nostalgique du japon impérial façon Mishima, Wakamatsu nous dépeint une société brisée par la paix, sclérosée par la honte. Un monde où des hommes émasculés n'ont plus que leur beretta ou leur couteau pour exprimer leur fierté perdue, et où la femme reste envers et contre tout, et quoi qui lui en coûte, le dernier pivot.
Les images de Wakamatsu ne font pas la différence entre le corps de ses personnages et le corps social du japon. De la perte d'identité du pays en résulte l'aliénation du citoyen, comme le poison absorbé par la femme enceinte intoxique de fait le fœtus. A l'identité perdue du japon millénaire se substitue lentement la culture américaine, subtilement symbolisée par ces revues pornographiques occidentales que feuillettent la plupart des personnages. Privés de leur identité jusque dans leur imaginaire érotique, le génie de Wakamatsu réside dans sa capacité a avoir su saisir le mal-être de sa génération et a avoir pu mettre des images sur cette colère sourde qui trouva finalement bien d'autres moyens de s'exprimer à la fin des années 60.
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COFFRET DVD KOJI WAKAMATSU - VOL. I
Quand l'embryon part braconner
Les anges violées
Va va vierge pour la deuxième fois
Les secrets derrière le mur
Blaqout éditions
www.blaqout.com

mardi 1 décembre 2009

VOODOO CHILD

Extrait d'un appel à contribution en espagnol
pour un projet d'expo sur le thème des traditions Voodoo.

Le saviez-vous ?
Le nom "Black Cat Bones" trouve ses racines dans la culture Voodoo.
L'os de chat noir est un genre de "Lucky charm" utilisé par les afro-américains et les haïtiens dans le cadre de leurs rites magiques Voodoo.

Dans la tradition Européene, le chat noir a toujours été symbole de malchance. Dans la tradition religieuse haïtienne / afro-américaine, il est dit que le chat noir possède un os capable de donner l'invisibilité à celui qui le porte, ou de rendre un amour perdu dans la mesure où le chat est ébouillanté vivant à minuit. L'identification de l'os donne lieu à diverses pratiques et de nombreuses croyances. Une fois repéré et récupéré, l'os est oint de Van Van Oil (huile contre le mauvais sort) puis glissé dans une main mojo (un petit sac en velour dans lequel on garde les objets magiques).

De nombreuses chansons de blues du début et du milieu du siècle font référence au fameux os du chat noir. La plus connue porte le nom de "(I'm your) Hoochie Coochie Man", chanson composée par Willie Dixon et interprétée par Muddy Watters, reprise à nombreuses reprises par Jimmy Hendrix, Steppenwolf, Motorhead.

I got a black cat bone
I got a mojo too
I got the Johnny Concheroo
I'm gonna mess with you.


Encore aujourd'hui, l'os du chat noir inspire encore de nombreuses chansons. Recemment, c'est le groupe de heavy rock américain Goatsnake qui composait la chanson "Black Cat Bone" sur son album "Trampled Under Hoof" (chanson écoutable sur la page Myspace du Black Cat Bones Café / www.myspace.com/blackcatboneseditions)

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"King Willie says, not only do I have to kill you,
but I have to take your soul. Voodoo magic.
Fucking voodoo magic, man!"
(Gold Tooth / Predator 2)